"Pour le projet de l'Abbaye"

"L'abbaye a besoin d'une âme".

Jean Sulivan disait "j'appelle âme, cela en nous qui permet les sensations fines et perçoit l'invisible dans le visible".

Le projet de l'Abbaye, on peut dire que c'est... son âme. C'est sans doute, ce qu'une maison se donne comme horizon, comme promesse à tenir pour répondre au mieux aux divers appels du moment, appels qui différent selon les années. Aujourd'hui, par exemple, beaucoup de maisons qui se voulaient centres spirituels, élargissent leur accueil à un public plus large parce que la Société change.

A l'Abbaye, dès l'ouverture de la maison, nos devancières (des soeurs de l'Immaclée) lui ont donné le sens de l"ouverture" dans l'accueil d'un public très divers. C'était un certain ton donné à la maison, un accueil qui se voulait proche de la vie multiple, une hospitalité simple, guidée par les évènements, pour accueillir une population qui n'était pas nécessairement en quête de spirituel, mais qui cherchait un lieu répondant à son attente de repos, de santé et de convivialité (gens du pays, Anglais, curistes...).

Les soeurs de l'Immaculée trouvaient là, le lieu où répandre discrétement le message reçu de la Congrégation et qui se traduit par "la vocation d'une soeur de l'Immaculée est une vocation toute faite de charité. C'est ce que chacune est appelée à mettre en oeuvre".

C'est en fidélité à cette origine que la maison a continué et continue sa tâche : saisir au long des années, les appels auxquels elles pouvaient répondre et pour lesquels elles pouvaient s'adapter. L'ouverture par exemple aux activités spirituelles et culturelles, l'attention aux question de Société et à ce qui pouvait être d'intérêt réel pour les personnes et les groupes, dans un esprit de recherche.

Cette évolution traduit ce à quoi nous croyons, nous, c'est à dire ceux et celles qui oeuvrent ou ont oeuvré à l'Abbaye.

Nous croyons à la valeur d'ouverture.

A ce que nous pouvons contribuer à faire naître, étant donné les lieux, les personnes, les équipes de travail : donner réconfort et bonheur aux hôtes. Nous pouvons dire que c'est cet "esprit" qui habite les esprits et les coeurs, quelques soient les convictions personnelles.

Et, dans une maison qui est confessionnelle, nous voudrions montrer que Dieu est contre l'exclusion et que l'accueil est sans clivage : croyants, incroyants, riches, moins riches, jeunes, âgés, bien-portants, victimes d'un handicap... Cet accueil diversifié est pour nous une chanceet permet la relation, dans la réciprocité de ce que l'on donne et de ce que l'on reçoit. Accueillir l'autre ce n'est pas seulement accueillir un autre, puis un autre ; c'est dans chacun, accueillir "de l'autre", du différent.

Quand nous pensons ouverture, nous pensons à cet accueil polyvalent : des gens qui viennent pour approfondir leur foi, mais aussi des personnes qui trouvent un lieu où elles sont à l'aise pour être elles-mêmes, pour mener un libre débat, pour découvrir l'Eglise comme lieu de respect et de liberté.

"A quoi sert l'Eglise dit un auteur. A aimer l'humanité".

C'est la mission de l'Eglise, et, dans notre projet, elle peut se traduire par une attitude de gratuité, dans le profond respect de toute personne. Elle peut se traduire aussi par un regard aimant sur le monde, le monde et ses richesses, le monde et ses dérives, être à l'écoute pour s'informer et faire appel à ceux qui peuvent apporter leur éclairage et guider des engagements.

Nous croyons à la valeur de la formation.

La maison n'est pas un centre de formation, avec des parcours de formation longue ou courte, selon différentes disciplines. Nous aimons dire que la formation est atmosphérique, c'est à dire qu'il s'agit d'un climat créé par ceux qui sont dans la maison et ceux qui y viennent, un climat qui donne de grandir en humanité, à travers des rencontres, des paroles, des gestes, dans le quotidien. C'est un donner-recevoir où tout le monde est acteur, souvent à son insu.

La formation, pour nous, est aussi de faire entendre une parole neuve sur l'homme et sur Dieu. Nous sommes dans une période de l'histoire où la question de l'humain trouve sa place. L'humain comme lieu et signe de Dieu, l'humain comme étincelle du divin.

C'est dans ce sens que nous essayons de cultiver la Foi, de reconnaître toujours plus, dans nos vies, l'expérience Chrétienne, le don de Dieu qui nous donne la capacité d'entrer dans la vie, dans l'amour de Dieu. C'est dans ce sens aussi que nous faisons appel à des intervenants ouverts à l'approfondissement de la Foi, à des inrevenants ouverts aussi à la culture, à l'art comme chemin d'humanisation, chemin de spiritualité, d'Evangile.

Nous croyons à la valeur de la liberté.

C'est souvent la réflexion des hôtes de l'Abbaye qui se trouvent à l'aise, sans contrainte, sans obligation religieuse. Sans doute que l'appel à la vraie liberté est plus dans l'invitation que donne la vie, que dans les commandements ou les interdits.

On peut toujours parler "sur", sur Dieu, sur Jésus Christ, sur l'amour ou le don, mais, parler "sur", ne donne pas la véritable connaissance. C'est en donnant qu'on connaît le don, c'est en pardonnant qu'on connaît le pardon, c'est en aimant qu'on connaît l'amour véritable et donc Dieu, puisque selon Saint Jean "Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu", car Dieu est amour.

C'est la vie, le quotidien, le climat, la présence, qui peuvent être appel, dans le respect des personnes, dans la discrétion et l'attention à chacun.

Tout ceci ne résume pas tout le projet de l'Abbaye, ce sont des éléments qui nous tiennent à coeur et que nous aimons partager avec tous les hôtes de l'Abbaye.

Les Soeurs de l'Abbaye